Tribune

Togo/Football: Moustapha Bodé, le roi de l’esbroufe. Les solutions sont ailleurs

Son nom est cité partout, il fait partie depuis un moment du paysage footballistique togolais depuis qu’il s’est attribué le pseudo du roi de la gagne des Éperviers notre équipe nationale sur un média de la place réclamant une bagatelle de 25 millions de nos francs que la FTF-Fédération Togolaise de Football ne lui aurait pas payé après sa contribution par des moyens ésotériques et mystiques aux victoires du onze national. Que de l’esbroufe !

Selon tous les anciens cadres des Éperviers, Bodé servait au temps du président Rock Gnassingbé comme escorte et celui qui disposait du maillot de l’équipe à la demande. Et son rôle s’arrêtait là. Cette période datait de 2005-2006. Depuis cette époque, les Éperviers ont encore connu de beaux jours sanctionnés par des victoires et pas des moindres et ont participé aux CAN 2010, 2013, 2017 avant de sombrer dans la disette en devenant méconnaissables. Qu’on se le dise. Le fils Bodé fut aussi un joueur et était sélectionné pour des matchs mais n’a jamais brillé devenant même un piètre joueur qui a disparu des radars. Si tel est que son papa de féticheur est tout aussi puissant pourquoi n’a-t-il pas fait de lui un incontournable de l’équipe nationale à l’instar des Adebayor, Agassa, Daré, Abalo, Kader ? Le problème est que le Togolais adore trop, un peu trop tout ce que le mystère entoure jusqu’à répandre dans l’opinion que la méforme des Éperviers serait dû à l’escroquerie morale de Moustapha Bodé et qu’une fois qu’il serait payé le rayonnement sera de nouveau au stade de Kégué. Faux débat et fausse croyance.

Le problème des Éperviers est ailleurs. Cette équipe n’a plus d’âme, n’a plus de leaders à même de la booster, bref le Togo n’a plus de joueurs de grand gabarit pour des combats à l’échelle africaine. C’est un premier aspect.

Le second aspect et c’est là où je peux m’accorder un peu sur certaines croyances est que trop de sang a coulé sous le maillot de notre équipe de football. Les drames de Cabinda, de Loungi sont de beaux exemples où le sang des martyres réclame reconnaissance de la nation à travers un stèle qui devrait être érigé en leur nom et où les Togolais pourraient se recueillir, déposer des gerbes de fleurs en leur mémoire et demander leur assistance pour que notre football retrouve ses lettres de noblesse. Car en Afrique, les morts ne sont jamais morts, ils sont partout parmi nous surtout ceux qui sont morts accidentellement aiment bien se venger. Allez poser la question à des prêtres spirituels, ils vous expliqueront que ceux-là qui sont morts « ZOGBÉKOU » leurs âmes ont besoin d’être apaisées et des cérémonies spécifiques sont faites à ce sujet pour éteindre leur colère. Ces cérémonies incluent également qu’il faut les « sortir » de leur appartenance religieuse, communautaire, sectaire, club etc… les enlever spirituellement de ces appartenances afin que leurs âmes ne viennent déranger la quiétude des clubs ou associations auxquelles ils appartenaient. Tout ceci n’a pas été fait au Togo et sans doute que cela agit non seulement sur notre sport roi mais aussi sur le stade de Kégué qui a besoin d’être exorcisé.

Le dernier volet concerne l’investissement dans notre football. Si des efforts sont faits, ils demeurent pour l’instant très insuffisants pour avoir des générations de footballeurs de qualité et des infrastructures adéquates pour les dénicher et les former. Si le Cap-Vert, la Guinée Équatoriale, le Rwanda et d’autres nains du foot africain commencent à se mesurer à de grands noms sur le continent, ce n’est pas le fruit du hasard. C’est parce qu’une politique sportive est mise en place pour en faire un levier de développement et de rayonnement. Si la Côte-d’Ivoire a remporté la dernière CAN et a battu la Zambie hier cela est le fruit d’une vision. Et les autorités et les sponsors doivent s’y mettre sérieusement pour vaincre le signe indien de la défaite des Éperviers.

Qu’on oublie donc cette fumisterie et cette arnaque morale du roi de l’esbroufe Moustapha Bodé pour qu’on se mette sérieusement au travail. Car il aura beau empoché les 25 millions que personne ne lui avait d’ailleurs promis tant que les différents problèmes soulevés ici ne sont pas résolus, les Éperviers seront toujours dans l’abîme.

J’ai encore dit…

Anani Sossou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page