
S’il y a bien une chose qu’on peut reconnaître à la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) d’avoir réussi à instaurer tant bien que mal, c’est bien la libre circulation des biens et des personnes à travers son passeport et la carte brune. Le passeport de la CEDEAO est un sésame d’une grande importance qui permet d’aller d’un pays membre à un autre sans visa et avec une certaine flexibilité. Un principe unique pour une organisation régionale africaine.
Créé en 1985, le passeport de la CEDEAO permet aux ressortissants des quinze pays membres à la base de circuler d’un pays à un autre. Il est unique en Afrique, la CEDEAO étant le seul espace de cette taille à permettre cette libre circulation tant enviée par les populations des autres organisations régionales.
Les États membres de la CEDEAO se sont engagés dans un processus de constitution d’un espace économique régional. Ils ont adopté dès 1976 un protocole sur la libre circulation des personnes et le droit de résidence et d’établissement. Ce protocole, ainsi que les additionnels qui sont venus le compléter, témoignent de la volonté politique des Etats membres de placer la mobilité intra régionale de la population au cœur du processus ouest africain. Ce qui est un véritable atout dans le processus de développement inclusif.
Pour les dirigeants de la CEDEAO, la libre circulation des personnes est un facteur de développement. La migration régionale et internationale pour eux ont des effets positifs dans les pays d’accueil et d’origine lorsque les flux sont bien gérés. Ils rappellent que toutes les régions du monde ont eu, à JB moment de leur histoire, recours à la migration dans le cadre de leur processus de développement, que la migration répond des attentes réciproques. Les Etats membres de la CEDEAO souhaitent développer un processus de cohérence des politiques à deux niveaux : conformément à l’article 84 du traité révisé, une mise en cohérence des accords bilatéraux liant les différents États membres et les pays tiers, avec les textes et protocoles communautaires ; une mise en cohérence des politiques économiques, commerciales et d’aide au développement du Nord avec les politiques migratoires de ces mêmes pays.
Pour arriver à ce niveau, les dirigeants de la CEDEAO ont dû travailler pour atteindre une certaines crédibilité. Le passeport de la CEDEAO est aujourd’hui reconnu et fait foi.
Quid de l’Alliance des États du Sahel (AES)?
Pour en arriver au niveau de la CEDEAO, celle-ci a travaillé et tarifé plusieurs conventions afin de se doter de textes solides pour crédibiliser ses documents aux yeux de l’opinion internationale. Alors que la CEDEAO connait une fracture avec la sortie de trois pays membres à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la question de la libre circulation des biens et des personnes se pose.
En effet, si pour l’instant les populations des ces trois pays de l’AES peuvent circuler sans problème, la question de la légalité de leur passeport commence par faire débat.
D’où encore une fois la question de savoir si leur sortie de la CEDEAO était opportune. Quitter cet espace avec ses atouts était il la meilleure option à prendre ?
S’il est vrai que la CEDEAO doit encore se reformer, et aussi une pédagogie doit être faite aux agents au niveau des frontières, la CEDEAO a des acquis indéniables et un réseau puissant à l’avantage de ses populations.