La vie politique togolaise avant, pendant et après l’indépendance n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle a été le théâtre des embûches de toutes sortes, d’incompréhensions, de coups bas, de trahison, de félonie ayant entraîné des violences intolérables, des bains de sang avec son horrible cortège de morts. Cette tragédie s’est accentuée à la fin des années 1990 avec l’avènement de la démocratie conséquence de la fameuse conférence de La Baule en France durant laquelle l’ancienne métropole avait sommé les Etats africains d’opter pour la démocratie et le multipartisme. Mal compris et mal maîtrisés, ces deux thèmes ont dressé le lit de la haine et de la division.
Etroit pays peu peuplé et coincé entre de grands ensembles géographiques, le Togo a depuis lors fait son bonhomme de chemin après la parenthèse des violences de 2005 et aspire depuis à un développement harmonieux, à une justice sociale caractérisée par la redistribution des richesses, à une émergence dans laquelle les conditions de vie des populations seront améliorées sur les plans éducatif et social avec la construction des écoles, des hôpitaux et des centres de santé, l’accès à l’eau potable, les travaux d’infrastructures, le désenclavement et l’aménagement du territoire, la question de l’énergie et de l’électrification y compris dans les zones reculées, bref construire un tissu social dont le seul objectif est de voir le Togo émergé et atteindre les objectifs du développement.
Depuis plusieurs années le chemin est balisé et des efforts sont consentis pour sortir enfin notre pays de cette souffrance qui n’a que trop duré. Bien évidemment les Togolais sont en droit de chercher à voir rapidement le bout du tunnel, mais cela ne peut être possible que dans un climat de paix, d’harmonie, de tolérance, de compréhension mutuelle dans un espace où chaque citoyen apporte sa pierre à la construction de l’édifice national. Le chemin a été long mais les résultats se font déjà ressentir.
Mais voilà que depuis quelques mois les démons de la division pointent à l’horizon sur les réseaux sociaux notamment TikTok, Telegram, Meta (ancien Facebook), et X (ancien Twitter) pour appeler à la déstabilisation de notre pays et pire à une lutte armée, l’appel lancé aux Forces républicaines de défense et de sécurité de déposer l’actuel Chef de l’Etat et le summum, la collecte de fonds pour armer une rébellion qui anéantirait tous les biens acquis dans la poursuite de l’amélioration du cadre de vie des populations.
Dans une démocratie, c’est une exigence d’avoir des désaccords sur la gouvernance, la vision, l’orientation politique et les projets de société vers lesquels tendent les différents acteurs politiques. C’est dans cette optique que le débat s’impose pour extirper le meilleur consensus qui conduirait vers une société plus juste, plus épanouie et plus équilibrée. Et dans ce pays personne ne refuse le débat d’idées dont la finalité est d’appeler le peuple à départager les différents points de vue à travers des scrutins équitables.
On peut ne pas être d’accord avec les idées des autres, mais cela ne saurait être un argument pour devenir anti-républicain pour appeler à la destruction de son propre pays par une lutte armée. C’est ne pas aimer son pays et ses habitants. Le Togo avec ses 56.600 km2, ses 8 millions d’habitants est un nain parmi les géants de la sous-région, des géants qui ont connu des rebellions armées, des guerres et qui en paient jusqu’alors les terribles conséquences. Chez nous toutes les familles, toutes les composantes du pays s’imbriquent les unes dans les autres et ce sont des liens de sang et de parenté qui unissent toutes les ethnies de toutes les régions du Togo. Vouloir détruire une partie du pays, une famille, une ethnie ou un clan, c’est se détruire soi-même à travers nos propres clans connaîtront le désastre et la désolation.
Le passage du Togo à la 5è République, même si la méthode est viciée, la communication manquante et l’adhésion insuffisante ne saurait être la source d’une lutte armée et les désaccords ne sont pas indiscutables autour d’un cadre de concertation. Il suffit aux acteurs politiques de dépasser leurs égos, de taire la haine et les incompréhensions pour trouver les palliatifs nécessaires afin d’améliorer les nouveaux textes de la Loi fondamentale. Ce sont les hommes qui font les lois et il leur appartient, dans le souci d’un apaisement, de trouver les remèdes nécessaires pour aboutir à un consensus. La guerre n’a jamais été un remède à rien bien au contraire, elle est source de régression, de regrets.
Alors les discours va-t-en guerre émanant des réseaux sociaux sont le mal absolu qui feront basculer notre pays vers des lendemains incertains et dangereux. Nos compatriotes vivant au pays et qui soutiennent de tels discours haineux doivent comprendre que ceux qui les émettent ne vivent pas au pays, sont dans la diaspora et ne connaissent pas les mêmes réalités que nous. Ne nous laissons donc pas tomber dans un tel piège. Concentrons-nous sur la recherche de solutions pour améliorer nos textes et surtout pour faire du Togo un pays émergent.
A. N. A.