Afrique

Comment les pays africains gèrent leur dette : leçons à tirer avant la conférence de l’UA en mai 2025

L’endettement croissant des pays africains est une source majeure de préoccupation, alors que beaucoup d’entre eux peinent à conjuguer croissance économique, dépenses sociales et remboursement des emprunts. À la veille de la conférence de l’Union africaine sur la dette publique en Afrique placée sous le haut patronage de Son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé, Président du Conseil, prévue du 12 au 14 mai 2025 à Lomé, il est crucial d’analyser comment certains États gèrent leur dette : entre stratégies nationales, choix politiques, et résultats contrastés. Voici un tour d’horizon de trois pays africains, entre modèles à suivre et alertes à entendre.

Ghana : entre crise de confiance et restructuration

Le Ghana est l’un des exemples les plus marquants de la crise de la dette africaine récente. En 2022, la dette publique dépasse 90 % du PIB. Incapacité à honorer les paiements de ses eurobonds. Forte dépendance aux marchés financiers internationaux.

Pour restructurer la dette domestique et externe, le Ghana va faire appel d’abord au Fond Monétaire International (FMI) en 2023 pour un prêt de 3 milliards de dollars, et ensuite, l’introduction d’une taxe sur les transactions électroniques (e-levy) impopulaire.

Le Ghana s’est illustré par la nécessité de diversifier ses sources de financement et d’une discipline budgétaire renforcée.

Rwanda : prudence et efficacité

Le Rwanda est souvent cité comme un exemple de bonne gouvernance et de gestion prudente de la dette. La dette maîtrisée (environ 65 % du PIB en 2024) et les emprunts orientés vers des secteurs productifs tels que les TIC, l’agriculture et la santé ont été les mesures prises pour restructurer du pays.

Parmi les stratégies mises en place, il y’a l’accès à des financements concessionnels (FMI, Banque mondiale), la gestion centralisée et transparente des emprunts, et l’évaluation systématique de la rentabilité des projets avant endettement.

Toutes ces réformes ont permis au Rwanda de stimuler la croissance pour un développement économique soutenable gage de la transparence et de rigueur.

Côte d’Ivoire : croissance forte mais endettement croissant

La Côte d’Ivoire affiche une croissance économique robuste, mais son endettement inquiète. Croissance supérieure à 6% par an et la dette avoisinant les 65% du PIB en 2024, mais avec des échéances serrées est une paradoxe.

Parmi les stratégies mises en place pour juguler la dette, on peut noter une émission régulière d’eurobonds pour financer les infrastructures, l’amélioration de la mobilisation des recettes fiscales et le dialogue avec les bailleurs de fonds pour restructurer certains prêts.

Des défis à relever dès 2025 avec des remboursements importants attendus et la fragilité face à la volatilité des taux d’intérêt mondiaux.

Cestes, la croissance seule ne suffit pas à garantir la soutenabilité de la dette; renforcer les ressources domestiques et diversifier l’économie est mieux.

Les expériences de ces pays révèlent plusieurs tendances majeures à savoir la transparence, la planification et la diversification économique qui sont des clés de succès. La dépendance excessive aux marchés internationaux sans réserves adéquates expose à des crises. Une coordination africaine dans la gestion et la négociation de la dette devient urgente.

D’où la conférence de l’Union africaine prévue à Lomé doit être une occasion pour les décideurs de proposer un mécanisme continental de suivi et de gestion de la dette, encourager les audits publics et citoyens de la dette, défendre un allègement conditionnel de dette auprès des institutions internationales afin de renforcer l’intégration économique pour réduire la vulnérabilité collective.

@IKA

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