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Kokou Edem Tengué: « L’économie maritime se porte bien »

Le ministre togolais en charge de l’Economie maritime, Kokou Edem Tengué
«Le Togo qui se veut, de par la vision du chef de l’Etat, (…) un hub régional de solutions logistiques, offre bien toutes les garanties pour la sécurité et l’efficience, la sérénité nécessaire aux succès de vos activités». Par cette approche constante chevillée au corps, le ministre togolais de l’Economie maritime, de la pêche et de la protection côtière, Kokou Edem Tengué, saisit toutes les opportunités pour mettre en évidence les potentialités du Togo en matière d’économie maritime et de toutes ses activités dérivées. Ce fut encore le cas, le 21 mars dernier, lorsque nous avons réussi à lui arracher quelques mots à Lomé, dans un grand hôtel de la place. C’était le lendemain de la grande cérémonie marquant l’extension du terminal LCT du Port autonome de Lomé (PAL), une cérémonie qui a connu des témoins oculaires prestigieux, notamment le chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé et son homologue du Niger, Mohamed Bazoum.

Wakat Séra: Aujourd’hui, quel est l’état de l’économie maritime au Togo?

Ministre Kokou Edem Tengué: Elle se porte bien. Que ce soit du côté du transport maritime, que ce soit sur la question de la production de la pêche et de l’aquaculture, ce secteur que le chef de l’Etat a bien voulu nous confier se porte très bien. La question de la durabilité nous y pensons, notamment à travers le projet WACA, l’acronyme anglais de West Africa Coastal Areas Management Program. Globalement, je crois que les chiffres et les résultats sont satisfaisants. Seulement nous sommes beaucoup plus ambitieux. Nous voulons aller plus loin. C’est ainsi qu’un ambitieux plan de développement de l’économie a été conçu. Et le Togo ambitionne d’investir de manière significative dans l’économie globale, dans les prochaines années, afin d’accroître les différents secteurs, que ce soit le transport maritime, que ce soit le tourisme balnéaire, que ce soit la pêche ou l’aquaculture, la protection côtière, la lutte contre la corruption marine, etc.

Comment pouvez-vous nous présenter, en quelques chiffres, le port de Lomé, qui constitue le produit phare de l’économie maritime togolaise?

Le port de Lomé est le 4e port à conteneur d’Afrique et le 96e dans le monde. C’est deux millions d’équivalent 20 pieds traités chaque année en ce qui concerne les conteneurs; c’est 30 millions de tonnes de marchandises traitées chaque année, avec plus de 50% de ces 30 millions de tonnes de marchandises destinées aux pays sans littoral qui entourent le Togo, notamment le Burkina, le Niger, et dans une certaine mesure le Mali. Le port de Lomé c’est 75% des recettes fiscales, 80% des échanges commerciaux du Togo avec le reste du monde. Je crois que globalement la situation est satisfaisante. Mais comme je le disais, il nous faut aller plus loin dans nos efforts pour faire de Lomé le hub logistique par excellence de la sous-région ouest africaine.

Qu’est-ce qui peut pousser aujourd’hui un pays sans ouverture sur la mer, un opérateur ou un homme d’affaire burkinabè, malien ou nigérien, à préférer le port de Lomé à d’autres ports de la sous-région?

Je crois que c’est la qualité des services. D’abord la rapidité de traitement des bateaux, la rapidité d’enlèvement, les procédures informatiques, la dématérialisation, qui permettent de gagner du temps. Comme l’énonce le célèbre adage, dans les affaires «time is money»! Je pense que ce sont tous ces facteurs combinés, en plus de la facilité à faire des affaires au Togo, l’hospitalité légendaire des Togolais, qui font que les opérateurs économiques des pays sans littoral préfèrent choisir le port de Lomé au reste des ports de la sous-région ouest africaine.

Des voix, de transporteurs notamment, s’élèvent de temps à autre pour dénoncer des difficultés qu’ils rencontrent. Qu’est-ce qui est fait au Togo pour lever ces barrières?

Le Togo est engagé depuis un certain nombre d’années dans une lutte contre les faux frais, tout ce qui n’est pas paiement licite. Nous avons mis en place des numéros verts, quand le faut, des tracking sont mis en place. En tout cas tout est fait pour éviter qu’on fasse payer d’une manière indue aux usagers du port de Lomé quelque montant que ce soit. C’est vrai que c’est un phénomène général qui n’est pas lié qu’au secteur portuaire ou aux marchandises en transit par Lomé. Cela fait l’objet d’une lutte générale dans les pays africains, mais au Togo, nous avons pris des dispositions fermes, et les contrevenants sont sanctionnés conformément à la loi.

Que comptez-vous tirer concrètement de l’extension du port à conteneurs de Lomé qui a été inaugurée ce 21 mars, en présence du président togolais Faure Gnassingbé et de son homologue nigérien Mohamed Bazoum?

Le Togo tire une grande satisfaction de cette extension. En plus d’être 4e en Afrique, une croissance du trafic est projetée, non seulement par le gouvernement, mais aussi par le concessionnaire qui est le partenaire du gouvernement. Je tire également de cette extension que le projet de la Plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA), pour pouvoir avoir les conteneurs en transit, est parfaitement justifié. Je tire encore de cette extension également le fait qu’on aura plus de rapidité, parce qu’il ne s’agissait pas seulement de l’extension, mais l’acquisition d’équipements de manutention supplémentaires.

La PIA, ce sera une véritable ville dans la ville!

Absolument! C’est une plateforme industrielle, mais à cette plateforme industrielle est intégré un port sec qui permet à tous les opérateurs de bénéficier en même temps des services portuaires sur ce port sec, mais qui permet également de desservir les pays sans littoral.

Que fait le Togo pour lutter contre l’érosion qui est un phénomène naturel et universel?

L’érosion a deux causes, les causes naturelles qui sont liées à la fonte des glaciers, à la hausse du niveau des mers, mais des causes anthropiques aussi liées à l’activité de l’homme. Le Togo, d’abord, fait partie des pays qui sont dans le projet WACA. La deuxième chose, le Togo initie d’autres projets en matière de protection côtière. Nous avons des projets de construction des épis qui sont intégrés au projet de construction de la voie qui va de Lomé à Aného. Le Togo a donc pris des mesures pour pouvoir freiner l’avancée de la mer. Une fois que ça sera fait, des réflexions seront menées pour aller vers l’étape de mise en valeur de la côte.

En matière de pêche, qu’est-ce qui est fait? Est-ce que les populations en vivent réellement?

Lomé a une grande communauté de pêcheurs. L’Etat a investi, avec la coopération japonaise, dans la construction d’un port de pêche qui a fait passer la production annuelle de quatre millions de tonnes à six millions de tonnes. Donc cela veut dire qu’il y a une croissance. L’Etat investit également en matière d’aquaculture pour pouvoir assurer l’autosuffisance, a mis des moyens conséquents pour pouvoir appuyer les aquaculteurs. L’Etat a également créé ce que nous appelons au Togo les IFAD (Instituts de formation en alternance pour le développement). Un de ces instituts est consacré à l’aquaculture et il est situé à Elavagnon. La première cohorte de 113 diplômés a d’ailleurs reçu des mains du chef de l’Etat ses parchemins. Progressivement nous aidons ces diplômés, ceux d’entre eux qui ne sont pas encore installés, à s’installer, à créer des coopératives dédiées à l’aquaculture pour faire émerger ce secteur dans notre pays.

Qu’est-ce que vous faites pour développer tous les segments de votre ministère, afin de ne pas devenir «le ministre du port»?

Nous avons un plan général de promotion de l’économie bleue dans lequel nous avons inclus tous les aspects de l’économie maritime. Je vous ai parlé du transport maritime, de la pêche et l’aquaculture, de la protection côtière, la question du tourisme balnéaire qui requiert notre attention, tout comme la recherche en mer, requiert notre attention.

Une interview de WakatSéra mais le titre est d’Actua-Togo.tg

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