Contrairement au prétexte sécuritaire avancé par les putschistes, le contrôle des sommes affectées à l’achat du matériel militaire et toutes les questions liées aux formations etc. étaient dans le fond une des raisons secrètes qui avaient conduit au coup d’État opéré par les putschistes au Niger le 26 juillet 2023, puisque cela constituait le point d’orgue d’un profond désaccord entre eux et le président élu Mohamed Bazoum.
Faut-il rappeler qu’au moment du coup d’État du 26 juillet 2023, le Niger connaissait une diminution notable des violences et des attaques djihadistes. Le 1er janvier 2023, le général Salifou Modi, chef d’État-Major des Forces armées nigériennes, saluait même l’accalmie observée en 2022. L’Armed Conflict Location and Event Data Project (en) (ACLED), un projet de l’Université du Sussex, indique au premier semestre 2023 que « la violence politique a diminué au Niger d’environ 39 % par rapport aux six mois précédents. Les attaques contre des civils ont baissé de 49 % et le nombre de morts qui en a résulté a été réduit de 16 % .
Cette décision prise par Tchiani, portant annulation de tout contrôle public, comptable sur l’achat de matériels militaires quels qu’ils soient, les services ou travaux réalisés au profit de l’armée, mais aussi de la présidence, et qui ne sont désormais plus soumis à la législation sur les marchés publics et sur la comptabilité publique, vient amplement corroborer ce dont on se doutait depuis le début. Voilà désormais la voie ouverte à toute l’opacité que l’on peut avoir justement sur les transactions, sur le contrôle financier, mais aussi sur le contrôle de l’efficacité des matériels qui seront acquis, aux détournements, à des enrichissements des acteurs militaires liés au coup d’État et à l’ avènement de Wagner sur le sol nigérien. Dans ce cas précis, il vaut mieux effacer toute trace et toute possibilité de contrôle. Les choses, pardon, les affaires se feront gré à gré, mine contre services et protections comme cela se pratique au Mali. C’est le peuple nigérien qui une fois encore sera plumé, comme dindon de la farce.
Que l’on nous épargne le faux prétexte d’un gain de temps dans l’urgence du moment pour renforcer soi-disant les troupes en acquérant plus rapidement et avec moins de procédures du matériel militaire.
Les putschistes semblent avoir atteint leur objectif : chasser un président élu du pouvoir, prendre ledit pouvoir pour ne plus jamais organiser des élections libres et transparentes, et s’asseoir à la mangeoire.
KOUDJOLOU Clément