
La guerre des communautés bat son plein dans la sous région ouest africaine. A côté de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) mère pionnière de l’intégration sous-régionale en Afrique, une autre branche, arme à la main, voit le jour ; la confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) qui, sortie de la CEDEAO, se veut comme une autre alternative. Alors que de petits jalons sont en train d’être posés, il faut s’asseoir une minute et faire une analyse objective avec les faits que nous voyons déjà. Et se dire où va exactement l’AES et quelles sont les prochaines étapes avec les trois dirigeants militaires ?
Essayez n’est pas un crime, dit-on. Mais essayer, en posant les mêmes actes qu’on reproche à celui qu’on a quitté devient un crime. l’AES est née de la vision commune de rompre avec un certain impérialisme reproché à la CEDEAO et également unir des forces pour lutter contre le terrorisme et permettre plus d’intégration. Le discours contre l’impérialisme avec une dose de fake news bat son plein. N’en déplaise à ceux qui pensent avoir la science infuse et qui voudraient qu’on accepte tout ce qui vient de l’AES. Si nous reprochons des choses à la mère CEDEAO qui bientôt 50 ans n’a pas fait que du bien mais a commis de graves erreurs et qui doit faire son examen de conscience, il faut en toute objectivité également critiquer l’AES qui nous sert un morceau « déjà frappé » dit-on en Côte d’Ivoire.
La militarisation des gouvernements au sein des trois pays de l’AES à savoir Niger, Mali et Burkina Faso, porte matière à réflexion. En effet, en ce 21è siècle, il est plutôt ringard de se promener partout en tenue militaire avec un PA à la hanche comme si nous étions dans les années 80 ou 90. C’est à se demander si nous avançons ou si nous reculons. Nous sommes retournés à l’âge des partis Etats dans ces pays, où le culte de la personnalité est là chose la mieux partagée. Faire les élections devient de la mère à boire. Celui qui parle d’élections est jeté en pâture. C’est un ennemi de l’État, il faut l’abattre. Ce que nous reprochions à nos dirigeants de la CEDEAO, nous le faisons d’une manière encore plus belle et on ne s’en cache point.
La lutte contre le terrorisme est le bouc émissaire trouvé, pour embrigader les peuples et mettre sous éteignoir toute liberté. Toute voit dissidente est mise derrière les verrous.
L’organisation des dernières assises nationales au Niger a mis à nu les réelles intentions des dirigeants de l’AES qui n’ont aucune intention de céder le pouvoir. Ainsi, le Général Tiani, après déjà près de 3 ans, a désormais 5 ans de carte blanche sans élections. Il faudra donc 8 ans de transition avant d’avoir, « si Dieu le veut », les prochaines élections présidentielles auxquelles il a le droit de se présenter. Alors que reprochait-on exactement à la CEDEAO ? C’est la question que l’on se pose quand on voit les actes posés.
Que ce soit au Mali ou au Burkina Faso, les hauts gradés ont laissé le front pour se coltiner les bons postes juteux. Abandonnant les hommes de rang à leur triste sort face à ces terroristes sans foi ni loi.
Alors que nous attendons encore l’effectivité de la force AES des 5 milles hommes, les drames continuent de se produire dans les zones reculées. Doit-on en réalité être contre l’AES ? La réponse est sans appel, NON. Mais il faut être contre des choix politiques qui n’ont aucun avenir réel. Le dicton qui dit « le diable que je connais, vaut mieux que l’ange que je ne connais pas » s’apparente bien à cette situation que nous vivons dans la sous région ouest africaine. De notre avis, le choix judicieux aurait été de garder notre « diable » CEDEAO et de l’amener à être plus vertueux et à se pencher véritablement sur les préoccupations réelles des peuples. En effet, prier pour l’échec de la CEDEAO, c’est creuser la tombe de toute la sous région et par delà enterrer toute démocratie dans cette partie de l’Afrique.
Après la militarisation des pouvoirs, quelle sera la prochaine étape au sein de l’AES ? La question demeure.
Sans Rancune