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Redynamiser l'économie nationale: Didier Okpodjou propose une stratégie unique à l'État

Ancien responsable de projets du Fonds des investisseurs et entrepreneurs africains (Fonds IEA), actuellement associé-gérant de NGBI Group, un cabinet spécialisé dans l’ingénierie de projet, l’ingénierie financière, la stratégie, l’organisation et les conseils, Didier Okpodjou, propose une stratégie unique à l’ État Togo pour redynamiser l’économie nationale. Lire ci-dessous l’intégralité de l’interview qu’il a accordé à actu-togo.com ActuTogo : Quelle est votre appréciation sur l’implication de l’État dans l’entrepreneuriat au Togo ? Didier Okpodjou : Personnellement je salue les efforts du gouvernement togolais en faveur de l’entrepreneuriat privé. Cela témoigne que l’État est conscient du poids du secteur privé dans l’économie nationale. Cela justifie les appuis techniques et financiers, accompagnements, renforcement de capacités, politique d’incitation des investissements privés, mesures de facilitation fiscale que l’État met en place pour soutenir l’entrepreneuriat au niveau de notre pays. Nous constatons également que tous les secteurs d’activité aujourd’hui disposent des projets et programmes d’appuis de la part du gouvernement. Néanmoins, lorsque nous analysons le poids financiers de ces programmes par rapport aux performances économiques, nous disons que l’État pouvait mieux faire. Que voulez-vous dire par «l’État pouvait mieux faire»? L’objectif de l’État à travers son soutien à l’entrepreneuriat, c’est de viabiliser l’économie nationale. Malheureusement, les ressources employées par l’État dans le cadre de ces appuis, soutiens et accompagnements, émanent majoritairement des dettes extérieures. Alors que le concept même d’appui, de soutient et d’accompagnement implique de la part de l’initiateur une autonomie. C’est pour cela que j’estime que l’État Togolais peut mieux faire en générant lui même des ressources qui puissent lui permettre de vraiment appuyer, soutenir et accompagner ses sujets. Comment l’État peut il générer lui même des ressources? Pensez vous que l’État Togolais doit entreprendre ? Bien-sûr que oui. Nos gouvernants doivent penser à aller vers un État Entrepreneur, un État investisseur. L’État togolais n’investit pas, il dépense. Nous avons des milliards dépensés en faveur de la promotion de l’entrepreneuriat, de l’agriculture. On aurait pu les investir pour une pérennisation des ressources. Cette vision n’est elle pas en déphasage avec celle de l’État qui vise à résoudre le problème de chômage, en encourageant l’entrepreneuriat des jeunes? Nullement pas. L’État doit être le premier entrepreneur et donné l’exemple à ses citoyens. Ce concept d’État entrepreneur va résoudre beaucoup de problèmes à la fois et professionnalise même l’entrepreneuriat. Entreprendre étant la gestion rationnelle des ressources, du temps et de l’envergure en vue de l’optimisation des résultats quantitatifs et qualitatifs tout en ayant en vue la création d’emploi et la génération des ressources. Pour l’Etat, l’objectif d’entreprendre doit être double : générer des ressources et générer des emplois. Si l’État entreprend, ce serait un canal de création d’emplois décents et durables. D’un autre côté, l’État doit lui-même constituer un modèle pour les entrepreneurs qu’il appui. Ainsi il se doit lui même de créer des entreprises avec des outils et mécanismes de gestion actualisés. Ces entreprises peuvent être des centres de formations pratiques en entrepreneuriat pour les jeunes postulants. Cela permet à l’État lui même de pouvoir évaluer les secteurs d’activité et pouvoir articulé les secteurs moteurs de l’économie. Nous sommes malheureusement, conscient que la gestion faite des entreprises publiques de nos jours, ne sont pas de nature à constituer une référence pour les jeunes entrepreneurs. Et pour cela, l’État doit penser a une solution : la contractualisation de la gestion des entreprises publiques.. N’y aura t-il pas un conflit d’intérêt avec les entreprises privées ? Il n’existe et n’existera aucun conflit d’intérêt entre les entreprises privés et les entreprises publiques si chacun reste dans son rôle. Le Togo aurait plutôt gagné le pari d’une émergence économique sérieuse. Même si l’entrepreneuriat de l’État réduit de moitié le nombre d’entreprises privés, mais que ces entreprises privées restantes sont vraiment viables et que les entreprises étatiques parviennent à créer suffisamment d’emplois décents et durables, vous conviendrez avec moi qu’aucun problème ne naitra de nouveau. Aussi, rappelons que beaucoup d’entreprises naissent parce que les promoteurs chôment et s’accrochent aux facilités de création d’entreprises mises en place par l’État pour devenir créateurs d’entreprises et non entrepreneurs. Et vous connaissez le sort de ces entreprises. En quoi consisterait la contractualisation de la gestion des entreprises publiques ? Cette contractualisation consiste à confier à une société privée, la gestion des entreprises (société) publiques. C’est dans une optique d’optimisation des résultats à travers une gestion éfficace, efficiente et rationnelle de l’envergure, des ressources et du temps. Je propose cette solution en tirant leçon des tristes sorts de nos entreprises dont la gestion est assurée par l’État. J’ajouterai en outre que ce concept d’État entrepreneur ne se repose pas seulement sur l’État central, mais surtout sur les collectivités territoriales de sorte à appuyer l’économie nationale sur l’autonomie financière des collectivités. A NGBI Group, nous travaillons déjà sur un modèle pareil qui sera officiellement lancé dans les semaines à venir. Y a- t-il un pays qui a déjà expérimenté ce modèle ? Le Togo est l’exemple le plus proche avec le cas des hôpitaux publics dont la gestion est en train d’être confiée à des sociétés privées. Mais les composantes et les approches peuvent toujours différer. On peut même étendre cette à de grands projets et programmes nationaux dont les frais de gestion font près de la moitié du coût global avec des impacts réels minuscules. C’est aussi une approche pour soutenir et promouvoir les structures privés nationaux.. Pensez vous que votre proposition sera prise au sérieux par les décideurs ? Nous espérons fortement que les décideurs, dans le soucis de relever l’économie et dans leur volonté constante d’améliorer le cadre de gestion publique, seront attentifs à notre concept. Il ne suffit pas d’aller de lancement en lancement pour plaire à la population ou de multiplier les cadres institutionnels pour soulager la soif de ses proches. Il vaut mieux entreprendre des actions qui puissent impacter durablement les populations et garantir un mieux vivre à tous les citoyens comme les droits humains l’exigent. Votre conclusion Je fais confiance à la bonne foi récurrente de nos décideurs afin d’orienter autrement notre économique en se basant sur la génération des ressources locales a travers un État entrepreneur, gage d’une indépendance financière réelle et durable.]]>

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