Juriste- Administrateur de projets, Certifié PMD Pro, Didier Okpodjou, partage avec nous son point de vue sur le Volontariat National au Togo et donne ses conseils aux jeunes bénéficiaires. Qui êtes-vous ? Didier Okpodjou : Je suis Juriste- Administrateur de projets, Certifié PMD Pro. Apres 3 ans à la coordination d’un projet de développement agricole au service de la Coopération Belge, j’ai servi les Nations-Unies et l’Union Européenne en qualité de Conseiller Technique sur plusieurs programmes avant d’être en 2016 le Responsable de Projets du Fonds des Investisseurs et Entrepreneurs Africains (Fonds IEA). Depuis Septembre 2017, je suis Associé- Gérant du Cabinet NGBI Group qui fait de l’ingénierie de projets, l’ingénierie financière, l’organisation, stratégie et conseils puis la représentation commerciale et industrielle. (www.ngbig.com). Quel bilan faites-vous, plus de cinq (05) années après le début de ce programme? Dans son engagement dans la lutte contre le chômage, comme d’ailleurs la majorité des pays ouest- africains, le Togo a inscrit dans l’ordre de ses actions prioritaires, le Volontariat National. Nous sommes donc passés du Programme National de Volontariat au Togo (PROVONAT) à l’Agence Nationale de Volontariat au Togo (ANVT). C’est une avancée institutionnelle qui témoigne de la volonté de l’État à résoudre un problème. Mais sur le plan opérationnel, il faut reconnaitre que nous pouvons mieux faire en allant vers un mécanisme plus rationnel et efficient. Pour résoudre le problème togolais en terme d’emplois (durable et dècent) et de compétences, nous n’avons pas besoin de multiplier des cadres institutionnels gourmands en fonctionnement. Il suffit juste de rendre fonctionnels certains mécanismes puis aller vers un modèle réaliste et adapté à nos réalités. En quoi consiste ce «mécanisme plus rationnel et efficient» dont vous parlez? Je ne saurais exposer tout un modèle ici. Mais ce qu’il faut retenir, est que l’État doit s’approprier la promotion des emplois dècents et durables à travers un cycle dans lequel le volontariat serait un passage obligatoire vers un emploi. Même au plan institutionnel, il faut ramener le volontariat national dans la promotion de l’emploi. Parce que le fait de faire trop d’éclatements institutionnels, on finit par ne plus pourvoir établir un lien logique et matériel entre les programmes; chaque responsable voulant juste atteindre des objectifs quantitatifs. Il s’agit donc selon ma proposition, de créer une centrale de production de compétences qui s’ouvre sur tous les types de marchés du travail (publics ou privés). Dans ce fonctionnement, le volontariat pourra être considéré comme un outil de production de compétences. Cette mission pourra faire l’objet de contractualisation avec un cabinet avec un cahier de charges défini et une obligation de résultats. Parce que ce que nous devons comprendre au Togo, c’est que nous n’avons en réalité pas un problème d’adéquation formation- emplois aussi alarmant qu’on nous le fait croire. Nous avons juste des soucis d’opérationnalité des jeunes. Doit – on comprendre qu’a l’état actuel, il n’y a pas une bonne collaboration entre l’ANPE et l’ANVT en ce qui concerne le volontariat? Je pense plutôt, que si cette collaboration existe, les conséquences ne sont pas à la hauteur des enjeux. On peut mieux faire et avoir des résultats spectaculaires en réduisant même les charges de fonctionnement de ces programmes. Quel est l’objectif premier d’un volontariat ? L’objectif du volontariat, c’est de permettre au postulant (le volontaire) d’acquérir des compétences opérationnelles en le mettant dans les conditions d’apprentissage (c’est a dire qu’il doit avoir un mentor). À la fin de leur volontariat, nous avons remarqué au Togo l’année passée des mouvements d’humeurs des volontaires qui voulaient être intégrés. Aviez vous compris leur réaction ? C’est une question qui est liée aux déficits fonctionnels de cet appareil (volontariat) mis en place. Dans notre contexte togolais, le volontariat ne doit pas se conformer ou s’inscrire dans une compétitivité mondiale basée sur la transposition des modèles de réussite. Le Togo doit créér son modèle de Volontariat qui se veut un passage dans un circuit entièrement maitrisé par l’État (en tant qu’acteur principal). La réaction des volontaires est pertinente même si légale, elle ne l’est pas au vue du contrat auquel ils auraient adhéré. Il n’est pas socialement raisonnable de se retrouver laissé pour compte après avoir servi pendant 5 ans comme volontaire avec une mensualité moyenne de 50.000 FCFA. Et comment se fait le suivi des volontaires après leur temps de volontariat ? Suivi des volontaires post- contrat? Si cela était opérationnel, la dynamique serait autre. Quels conseils pourriez vous donner à ces milliers de togolais qui sont aujourd’hui dans le programme de volontariat? Je dirai simplement de faire preuve de discipline afin de maximiser leur chance d’insertion professionnelle. J’espère également que l’État révisera son approche et pourra opter incessamment pour un mécanisme plus rationnel et efficient. Un mot à l’endroit des décideurs ? Le gouvernement doit dans ses initiatives, arrêter la transposition des modèles supposés de réussite sans pouvoir les adapter aux réalités locales. L’emploi des jeunes au Togo, le gouvernement peut faire mieux en allant au delà des objectifs politiques et quantitatifs et mettre en place des mécanismes performants et opérationnels. L’État doit également pensé à la contractualisation de ces programmes pour une efficacité dans la gestion et une efficience dans l’operationnalité.]]>
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